La bataille des Swing States

L’élection du président américain se décide au sein d’un collège électoral de 538 grands électeurs (majorité à 270) répartis dans les 50 états en fonction de leur population respective. Chaque candidat remporte l’ensemble des grands électeurs de l’état dans lequel il arrive en tête en nombre de voix – à l’exception du Nebraska et du Maine où les grands électeurs sont distribués entre candidats. C’est pourquoi en cas de scrutin serré, la bataille se joue dans quelques états-clefs, ceux qui peuvent basculer d’un côté ou de l’autre : les swing states.

Cette année, une dizaine d’états sont concernés. Il s’agit notamment de ceux dans lesquels l’un des deux candidats ne l’a emporté que d’une courte tête en 2004 – comme l’Iowa ou l’Ohio en faveur de George Bush ou la Pennsylvanie pour John Kerry. La nouveauté, c’est que des états réputés républicains (Indiana, Virginie ou Colorado) sont désormais eux aussi en jeu : ils peuvent basculer pour Barack Obama.

Celui-ci, si l’on en croit les sondages, s’est assuré une marge d’avance dans nombre de ces états et pourrait donc atteindre les 270 voix fatidiques en ajoutant quelques-uns des swing states républicains (Ohio plus Nevada, soit 25 grands électeurs, ou Virginie plus Colorado, soit 22 grands électeurs, par exemple) aux états gagnés par Kerry en 2004 à condition de conserver ceux-ci (soit 252 grands électeurs). Alors que John McCain doit se défendre pied à pied dans des états qui étaient a priori comptés comme républicains. Il a d’ailleurs décidé, au regard de ressources financières bien plus limitées que son adversaire, de ne poursuivre la guerre de conquête qu’en Pennsylvanie, un gros état (21 grands électeurs) qui pourrait lui permettre de compenser des pertes ailleurs.

Reste le cas de la Floride dont on connaît le caractère déterminant depuis 2000. Elle pourrait à elle seule, avec ses 27 grands électeurs et après avoir voté à nouveau républicain en 2004, faire pencher la balance pour Obama s’il gagnait là-bas – il y devance McCain d’une courte tête dans les sondages.

Chronique « Carnet d’Amérique » publiée dans le quotidien Nice Matin le 3 novembre 2008.

Etats-Unis

Laurent Bouvet View All →

Professeur de théorie et d’histoire des idées politiques à l’Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines.

Laisser un commentaire